#3
"Et puis parce qu'il est agréable de parler comme tout le monde, et de dire le soleil se lève,
quand tout le monde sait que c'est une manière de parler."
Gilles Deleuze/ Félix Guattari Mille plateaux (1980)
l'agression


XOUAL- Mais il est toujours prévu des activités quand même?

MONDOLONI- Tais-toi s'il-te-plaît. (reprend très fort en direction de Ginouves) J'ai la mentalité d'un chef. Il demeure que je ne cours pas après les emmerdes de logistique... (temps puis à elle-même) enfin... je ne veux pas des emmerdes logistiques... je sais pas... ou des emmerdes de la logistique... nan… la première formulation se suffisait…


(Ginouves et Xoual n'écoutent pas et poursuivent leur conversation)


GINOUVES- Tu as peur de t'ennuyer...?

(temps, XOUAL s'inquiète que la question ne recèle un piège)

XOUAL (hésitant)- Je crains de me lasser moi-même.

GINOUVES- Tu préférerais te lasser à plusieurs?


(rire de Ginouves puis de Xoual)


MONDOLONI (très formelle)- Comme d'habitude, vos thèmes seront soumis à un vote, vous aurez ensuite le choix des activités, à moins qu'on ne les soumette elles aussi au vote.

XOUAL- Le principal c'est qu'il n'y ait rien de changé. Le reste on s'en branle...

GINOUVES- On fait un essai tous les trois?

XOUAL- T'as pas oublié le vote?

GINOUVES- On vote pour ou contre un échauffement?!

MONDOLONI- De toutes manières on fait mine! (temps) Prêts?

GINOUVES- Dis quelque chose à Xoual Elisabeth, n'importe quoi...


(temps long)


MONDOLONI- Est-ce qu'un jour tu pourras reprendre une vie normale? Mais ne serait-ce que financièrement... Bref j'ai surtout peur tu te fasses mal ou que tu disparaisses.

XOUAL- J'en a marre de glander, de rien foutre...

MONDOLONI- Un sentiment d'absence à toi-même...

XOUAL- Psychologie de mes couilles. Va te brosser la touffe.


(temps long)


GINOUVES- D'accord, c'est pas mal... Maintenant tous les trois. Fais une petite crise Joël.


(temps)

XOUAL (fataliste)- J'incarne à tes yeux Valérie une figure qu'Elisabeth tente de détruire par crainte de perdre son ascendant sur toi.

GINOUVES- Je survis dans son ombre.

XOUAL- Elle a raison.

MONDOLONI (admirative)- Vous ne commettez jamais aucune erreur?

XOUAL- C'est peut-être à toi de faire des efforts.

GINOUVES- Te rends-tu compte qu'il y a une forte attente de la part des gens autour...?

XOUAL- Oui… Ne te berce pas d'illusions non plus.

(temps court)

MONDOLONI- Même une montre arrêtée donne l'heure juste deux fois par jour.


(pause dans l'échauffement)


XOUAL - Bon. Intéressant. Attention toutefois Valérie, tu ne cesses de dire des bêtises.

GINOUVES- On en refait un petit dernier?

MONDOLONI (sans prévenir)- Un tour dans le jardin?

GINOUVES- C'est parti?

XOUAL- Chut! (puis à Elisabeth, chuchotant) Ah oui... En fait ça m'intéresse pas... On ne leur connaît même pas de noms à ces lieux.

GINOUVES- (nouvelle direction)- Je me trouve hyper sympa aujourd'hui, je ne comprends pas que tu sois pas plus fan.

MONDOLONI- Mais c’est pas la question qu'il t'a posée!

GINOUVES- Ah bon! Et c’est pas non plus ce qu’il m’a répondu?

MONDOLONI- Attends j'en suis pas certaine.

XOUAL (à part)- Ca dépasse l'entendement.

GINOUVES- Je savais que t'allais dire ça.

MONDOLONI- Tu cherches à obtenir l’effet idoine?

GINOUVES- Je ne crois pas que ce soit précisément ce dont tu veux parler.

MONDOLONI (ironique?)- Je suis désolée, je ne sais jamais ce qu'il faut dire.

XOUAL- Ton discours est contradictoire.

GINOUVES- Oui. On a le sentiment que tu en sais plus que quiconque. (riante) Tu me donnes envie de me livrer à des manifestations de violence.

MONDOLONI- C'est l'expression appropriée?

XOUAL- Je ne sais pas si je suis content d'être venu.

MONDOLONI- Ecoute je regarderai dans le dictionnaire parce que ça commence à me courir ton histoire...

GINOUVES (qui s'y perd)- Il n'y a plus d'autre moyen pour communiquer que de s'engueuler.

XOUAL- Je ne discute pas avec vous dans ces conditions.


(nouvelle pause, certains se sentent épuisés)


MONDOLONI- Prenez garde. Logique du butin. L'objectif n’est pas tant de trouver quoique ce soit que de…

XOUAL (la coupe)- On va faire le nécessaire pour demeurer à sa recherche.

GINOUVES- C'est comme si je devinais qu'il y aurait de la baise.