ORTAVANT- On arrête de se promener?

GINOUVES- Illustre cette question plus que d’y répondre.

(temps)

ORTAVANT- Je peux dire: "Ouch! J'me suis cogné contre un fauteuil"?

GINOUVES- Le jeu est un monde dans lequel on rate de peu, dans la vie on rate beaucoup.

(temps, ils ralentissent)

Je me promenais pas si tu préfères.

(temps)

Alors qu'est-ce que t'as choisi?

(Roland semble pris de court)

ORTAVANT (à lui-même)- J'hésite entre m'affirmer et me remettre en cause.

(temps)

(plus haut) Un petit short blanc et un t-shirt de chaleur.

(temps)

Je n'ai pas pris de k-way.

(il se montre, temps long)

GINOUVES- T'es aguerri à l'économie de moyens.

ORTAVANT- Je suis pas compliqué, c'est simple, paré à prendre le large si quoique ce soit tourne mal. Sans aménité. Au moins que j'aie l'air de m'en foutre...

(temps)

Et toi Valérie?

GINOUVES - Je peux passer pour une individualiste, mais je mets tout mon talent au service du collectif.

ORTAVANT- Nan, les fringues...

GINOUVES (flattée)- Opté pour un t-shirt mailles gauffrées à encolure ronde, un pantalon large plis devant poches plates côtées poches passepoilées dos, fermeture bouton et zip.

(temps)

Sinon, juste cette robe en coton smockée sur la poitrine... le dos boutonné... décolleté carré manches glissées pour un décolleté encore plus évasé... col fendu sur un côté. Bien sûr un bustier jaune à armature zip dos en flanelle. Le plus, c'est qu'ouverte sur une jupe taille haute la veste affine joliment la silhouette.

ORTAVANT- T'es bien couverte, t'es bien cambrée...

(temps, il tourne autour d'elle)

ORTAVANT- ... je cherche un mot…

GINOUVES- Le jaune favorise notre sens de l'organisation.

ORTAVANT- Non, c'est pas ça.

GINOUVES- Un terme rare?

ORTAVANT- Pas spécialement…

GINOUVES- Y'a le dictionnaire.

ORTAVANT- C'est pas pareil…

GINOUVES- Tu sais qu'hier j'ai vu un gars qui avait le même sweatshirt que toi!

ORTAVANT- Celui-ci?

GINOUVES- Le moche avec la panthère.

(temps long)

ORTAVANT- Allez! Il faut savoir mettre un terme à une conversation qui n'a plus d'intérêt.

(soudain ils chuchotent)

GINOUVES- Vite viens on se cache derrière.

ORTAVANT- Oh!

(accroupissements)

GINOUVES- Elisabeth elle a un gros cul tu trouves, non?

ORTAVANT- Elle est grande, en jean, avec un cul agréable et des bons seins.

(temps)

De toutes façons à partir d'un certain moment on n'y prête plus attention.

GINOUVES- Elisabeth est très exigeante, elle s'extasie facilement sur les délices de l'existence, ses joies, ses brûlures.

(temps)

ORTAVANT- Quant à Joël?

GINOUVES- Joël dit parfois de jolies phrases tout haut car cela lui permet de s'en souvenir.

(temps)

ORTAVANT- Tu veux qu'on lise sur les lèvres?

GINOUVES- C'est bien aussi quand on ne comprend pas.

(temps, lecture labiale mutuelle)

GINOUVES- Ah.

ORTAVANT- Dis.

GINOUVES- Xoual pense que t'as une maladie que tu ne soignes pas. (temps)

ORTAVANT- Excuse-moi, j'suis pas du tout dans la discussion.

GINOUVES- Joël parle souvent de lapider quelqu'un.

(temps)

Et toi t'as ton certificat médical? C'est pour des histoires d'assurances, s'il t'arrive un truc. En cas d'imprévus pouvant causer de graves blessures, maladies, mort, telles que noyades, chutes, rencontres d'animaux sauvages, maladies sexuellement transmissibles ou virus.

ORTAVANT- De toutes manières, personne ne m'attend nulle part.

GINOUVES- Ah c'est sûr on peut toujours nuancer.

(temps)

C'est quoi mon cadeau?

ORTAVANT- Un petit stylo avec le nom d'une ville parce que j'y suis allé.

(temps, Valérie ouvre son paquet)

GINOUVES- Je peux t'embrasser?

ORTAVANT- Ou tu veux que je te téléphone? Je trouve que j'ai une plus belle voix au téléphone...

GINOUVES (elle chuchote plus fort)- Viens, ça m'excite qu'on nous voit pas...

ORTAVANT- Méfie-toi, chacun est susceptible de haïr plus particulièrement ceux qu'il aime…

GINOUVES- Tu m'écrases une côte.

ORTAVANT- Là c'est mieux?

(temps long)

GINOUVES- Salut Roland.

ORTAVANT- Re-salut.

GINOUVES- Oui, re-salut.

(temps)

ORTAVANT- Oh le tout petit décolleté!

GINOUVES- J'ai arraché ça à l'ordinaire.